le résumé
Un second cas de rémission du VIH a été signalé récemment, ce qui ouvre de nouveaux horizons pour la recherche scientifique en vue d’éradiquer cette infection. Le « patient de Londres » — atteint du VIH depuis 2003 — est considéré comme étant en rémission puisqu’il ne présente aucune trace du virus depuis plus de 18 mois. Le « patient de Berlin », toujours séronégatif 12 ans après avoir cessé de prendre des antirétroviraux (ARV), est quant à lui considéré comme guéri.
les détails
Le patient de Berlin
Atteint du VIH depuis 12 ans, Timothy Brown avait développé une leucémie aiguë myéloïde, soit un cancer des cellules immunitaires. La chimiothérapie ne fonctionnant pas, les médecins avaient adopté une voie audacieuse, celle de tenter d’échanger son système immunitaire avec celui d’une personne présentant une mutation génétique spécifique (mutation delta 32 du gène CCR5) qui rend les cellules immunitaires résistantes au VIH de type 1 ou VIH-1 (le plus répandu). M. Brown avait donc reçu plusieurs transplantations de moelle osseuse et de la radiothérapie ; un ensemble de traitements invasifs et très difficiles à tolérer. Cette approche « de la dernière chance » avait effectivement failli provoquer sa mort, mais avait finalement réussi à le guérir du cancer et à éliminer le VIH de son organisme. À l’époque, les chercheurs ne pouvaient pas identifier précisément quels traitements ou paramètres du patient avaient permis sa rémission.
Le patient de Londres
En mars dernier, le journal scientifique Nature publiait les résultats d’une étude dirigée par Ravindra Gupta, professeur à l’Université de Cambridge, qui présentait le cas du « patient de Londres », le deuxième cas de « rémission » du VIH à ce jour. Cet homme séropositif était atteint d’un lymphome de Hodgkin résistant aux traitements d’usage. Ses médecins chercheurs lui ont alors proposé une chimiothérapie plus intensive, ainsi qu’une greffe de la moelle osseuse (une approche moins agressive que celle déployée pour le patient de Berlin). Il a reçu des cellules souches de moelle osseuse d’un donneur possédant la mutation génétique mentionnée plus haut, ce qui a modifié son système immunitaire, rendant ses cellules résistantes au VIH. Seize mois après la greffe, le patient a cessé de prendre des ARV, et le virus semble avoir disparu de son organisme, et ce, après plus de 18 mois sans ARV. La méthode employée a aussi permis aux chercheurs de mieux comprendre les mécanismes biologiques ayant mené à ces résultats.
LE CLIN D’ŒIL DU PHARMACIEN
Il faut poursuivre les recherches
Chercheurs et spécialistes du VIH s’entendent pour dire que ces greffes ne peuvent représenter une option généralisée viable pour toutes les personnes atteintes du VIH. Les greffes de moelle osseuse comportent de nombreux risques et effets néfastes, pouvant entraîner la mort. Ce traitement serait alors, pour les personnes vivant avec le VIH sans cancer, plus dangereux que les traitements ARV. Les ARV n’éliminent pas le virus complètement, mais permettent de stopper la transmission et offrent une qualité de vie semblable à celle des personnes séronégatives. Par ailleurs, les personnes porteuses de la mutation du gène CCR5 sont rares (moins de 1 % de la population mondiale).
Un véritable regain d’espoir
Ces deux cas de rémission sont néanmoins encourageants. Le « patient de Londres » a permis de circonscrire davantage le champ d’études, notamment quant au potentiel lié aux cellules souches et au CCR5.