le résumé
Les pratiques de chemsex — « marathons » de sexe sous drogue — semblent devenir de plus en plus populaires dans les grandes villes du monde, et pourraient prendre davantage d’ampleur au Canada. Ces pratiques gagnent en popularité surtout auprès des HARSAH (hommes ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes), mais pas exclusivement, et inquiètent les professionnels par les problèmes médicaux, physiques et psychiques, qui y sont liés — certains n’hésitent pas à parler de risque de santé publique.
Ce qui rend les partys de chemsex surtout dangereux, ce sont les cocktails de substances consommées par ceux qui y participent. Outre les graves effets indésirables (risques cardiovasculaires et psychiques pouvant parfois entraîner la mort) associés à chacune des drogues utilisées lors de ces événements (notamment le GHB, la méthamphétamine/crystal meth, la méphédrone, le MDMA/ecstasy), la combinaison de celles-ci peut s’avérer catastrophique.
Par ailleurs, sous l’influence de la drogue, les règles de base en matière de prévention sont souvent ignorées (la plus importante : le port du condom). Les risques de transmission du VIH et autres ITSS sont décuplés.
les détails
Les rapports sexuels avec partenaires multiples sous l’influence de produits stimulants ne dateraient pas d’hier, certains faisant même allusion au temps des Romains, d’autres aux partys des années 70 où l’on consommait des quantités astronomiques de cocaïne.
Cependant, le contexte d’aujourd’hui est bien différent, car les substances utilisées sont des psychotropes ou des drogues de synthèse, facilement accessibles et peu chères, mais surtout peu fiables sur le plan de la fabrication. Les sites de rencontres en ligne favoriseraient également l’organisation de « plans chemsex » entre inconnus.
C’est quoi, au juste, le chemsex ?
Le chemsex (combinaison des mots anglais « chemicals » et « sex ») est une pratique sexuelle qui associe la prise de produits psychoactifs aux rapports sexuels en groupe. On appelle « slam » la version plus « hard » du chemsex, qui implique l’injection de produits par intraveineuse.
Que cherche-t-on avec le chemsex ?
Les « chemsexers » (ceux qui prennent part au chemsex, appellation empruntée à un récent article sur le sujet sur Seronet) cherchent à obtenir une impression de plus grande liberté (réduction de l’inhibition) et d’augmentation du plaisir (sensations décuplées), que les rapports sexuels durent beaucoup plus longtemps et qu’ils puissent être à répétition. On estime que les partys de chemsex durent d’un à trois jours. Cependant, associer drogues et plaisir sexuel augmente les risques de dépendance aux diverses substances utilisées.
Il ressort de la littérature scientifique relative à ce nouveau phénomène et de différents sondages que ce que les « chemsexers » recherchent le plus, c’est le sentiment de proximité et d’intimité que procurent ces rencontres. Toute timidité disparaît, et il devient très facile de s’engager dans des relations sexuelles. Cela permet de contrer le manque d’estime de soi ou le manque de confiance dont souffrent souvent silencieusement ces participants. On dit également que certaines personnes vivant avec le VIH (PVVIH) y verraient un moyen de lutter contre la stigmatisation qui les affecte parfois.
Les produits psychoactifs sont choisis pour leurs effets spécifiques. Par exemple, l’ecstasy et le crystal meth sont des stimulants qui provoquent un sentiment d’euphorie et augmentent l’excitation sexuelle. Le GHB, quant à lui, élimine toute inhibition et agit comme un léger anesthésiant. De plus, mélangé avec de l’alcool, son « consommateur » perd pratiquement la conscience de ses actes et de ceux des autres.
Les risques du chemsex
La « recette » n’est pas toujours la même, mais les conséquences, quant à elles, sont les mêmes : outre l’augmentation de l’incidence de transmission du VIH, du VHC et autres ITSS en raison de relations non protégées (et des risques associés au partage de matériel d’injection en cas de « slam »), les participants s’exposent à des risques cardiovasculaires, de grave et rapide dépendance physique et physiologique, de surdose, et de troubles de santé mentale (anxiété, psychose, tendance suicidaire).
Des « journées perdues »
Un élément à ne pas négliger : les « chemsexers » déclarent souvent avoir « perdu des jours », c’est-à-dire n’avoir peu ou pas de souvenirs du temps passé avec leurs multiples partenaires (qui sont en moyenne au nombre de cinq). Pendant le « party de chemsex » (qui peut durer jusqu’à 72 heures), ils ne mangent pas, ne boivent pas d’eau et ne dorment pas, ce qui peut avoir de sérieuses conséquences sur leur santé générale. De plus, lorsqu’ils « se réveillent », il est souvent trop tard pour qu’ils puissent avoir recours à la prophylaxie post-exposition sexuelle (PPE).
les conseils du pharmacien
En tout temps, vous pouvez communiquer avec nous pour obtenir plus d’information et recevoir des conseils, notamment pour une utilisation plus sécuritaire des différentes drogues de rue.
Nous sommes là pour vous aider et vous accompagner, sans jugement. Si vous ressentez le besoin d’un soutien psychologique, il nous fera plaisir de vous diriger vers les ressources professionnelles appropriées.
Remarque importante à l’égard du GHB : il ne faut faire AUCUN mélange avec d’autres substances, médicaments, drogues ou avec l’alcool, et surtout, ne pas hésiter à appeler le 911 en cas de malaise — ou si vous êtes témoin d’un malaise ou d’un trouble chez une personne en ayant consommé.
liens utiles
Bande-annonce du film documentaire « Chemsex »
Vice
Accros au « chemsex », le sexe sous drogue
Témoignages, streetpress.com
Ressources toxicomanie
rezosante.org